Waban ♦ Indien ♦ Cheval de surveillance

Avez-vous déjà vu un panda géant, ne serais-ce qu'une image, un rêve, un songe ? Et bien, Waban, celui dont le nom signifie "Vent d'Est", a toute l'apparence d'un de ces animaux bicolores. Enfin, avec la silhouette d'un jeune étalon magnifique, et la hauteur d'un poney d'un mètre trente au garrot. Car, oui, Waban est un poney. Mais, mis à part sa taille, il ressemble plus à un cheval. Il n'est pas très musclé, mais est plus puissant et résistant qu'il n'en a l'air. Ses membres sont assez fins, mais terminés par des sabots solides. Waban n'est pas le plus rapide, à cause de sa petite taille surtout. Mais il est très robuste, et peut porter un poids étonnant pour un poney comme-lui. Il est aussi taillé pour l'endurance.

Waban est pie noir. Mais ses tâches sont disposées de telle sorte que, plus qu'aucun autre cheval pie noir, il ressemble à un panda. En effet, il a une tâche autour de chacun de ses yeux, pas tout à fait ronde. Ses oreilles aussi sont noires. Ses membres antérieurs sont entièrement noir, et ses épaules aussi. Sur ses postérieurs, le noir s'étend du pli de la fesse jusqu'aux sabots. D'ailleurs, ses quatre sabots sont également noir ébènes, tout comme ses crins soyeux, lisses, de taille moyenne. En somme, Waban est un cheval-panda noir et blanc. Ce qui lui rend tout son charme, la seule chose dont nul ne c'est jamais moqué chez lui, c'est son regard ambré, magnifique.

Waban, c'est un poney au grand coeur. Il est celui à qui on peut accorder sa confiance sans rien craindre. Il dit toujours la vérité, hormis dans de rare situations extrêmes. Il sera celui qui vous prêtera son épaule pour pleurer, et qui vous réconfortera. Bien qu'il n'accorde pas facilement sa confiance, il est rassurant et protecteur. Toujours calme, doux et réfléchit, il est très intelligent, et c'est l'une de ses plus grandes forces. Il ne se met jamais en colère, du moins, il ne paraît jamais en colère. Même s'il se bat contre son pire ennemi, il a un sang-froid à toute épreuve, et reste calme et patient. Il sait que la colère fait perdre ses moyens, alors il se contente de bouillir de l'intérieur.
Il défend ses amis et sa famille au péril de sa vie. Il pardonne facilement, et vient en aide à tous ceux qui en ont besoin. Il est relativement modeste. Il ne supporte pas l'injustice et la moquerie. Il a aussi un côté rebelle, et tous ceux qui ont tenté de le monter on finit par terre. Tous ? Non. Il aime les jeunes enfants, ainsi que son cavalier, Cœur de Loup.

Il considère les indiens comme sa famille, mais en échange de son dévouement, de sa protection et de son réconfort, il demande juste un peu de compréhension et de respect.

Une histoire ? Waban en a une, en effet. Mais vaut-elle la peine qu'on la raconte ? Sans doute...

Le jeune poulain pie est né un matin de fin d'hiver, chez les indiens. Sa mère, une belle jument pie grise, aurait dût mettre bas quelques mois plus tard, et avait donc été lâchée pour la nuit, comme bien d'autres. Ils savaient que jamais elle ne partirait. C'était une petite jument, une croisée de paint horse et de quarter horse entre autre disaient certains. Waban est donc né trop tôt, mais heureusement, cela n'a eut aucune conséquence, sauf que la mise-bas fut particulièrement longue et difficile. Réveillé par les cris de détresse de la petite jument, un jeune adolescent se précipita hors de son tipi et accourut. Il arriva auprès d'elle alors qu'un jeune poulain pie noir glissait doucement au sol, encore tout humide.

Le jeune garçon, dont le père était l'indien de la jument, fut le tout premier être que vit Waban. Waban ? Non, Panda. Oui, Panda sera la nom du petit pie. Car, Cœur de Loup, ainsi que se nomme l'adolescent, a parfois entendu parler de ces animaux, bien qu'il n'en ai jamais vu. Et, le poulain, son poulain, ressemblait exactement à ce qu'on lui avait dit sur les pandas géants... Enfin, les pandas n'avaient, eux, pas de crinière, mais bon...
Panda grandit donc avec sa mère et Coeur de Loup, celui à qui il avait accordé sa confiance. Des liens forts l'unissaient à la jument comme à l'indien. Il rencontra son père, un puissant poney bai. Si ses parents et son indien étaient fiers de lui, il en allait autrement des autres poulains du camp. Presque tous se moquaient du petit pie chétif et ridicule, de son nom, de sa petite taille. Panda grandit donc parmi les moqueries de ses petits camarades, si bien que ses parents durent intervenir. Un jour que tous les petits poulains s'étaient rassemblés et avaient encerclé Panda en le prenant par surprise, et qu'ils se moquaient, allant jusqu'à le mordre, le frapper et le bousculer, ses parents bondirent aux côtés de leur fils unique, intimidant les importuns qui filèrent se réfugier dans les membres de leur mères.
Mais, à cause de cela, les autres poulains se moquèrent plus encore du "poulain à ses parents", et celui-ci n'avait d'autre choix que de se réfugier auprès de ses parents. Les autres devenaient de plus en plus violents. Panda eut donc une enfance très solitaire, chassé et haït par les autres du fait de sa différence. Il était sans cesse obligé de rester auprès de ses parents, ou de Cœur de Loup.
Lorsque le jeune indien s'aperçut des harcèlements des autres poulains envers Panda, il en prévint ses parents, et ceux-ci mirent le poulain pie dans l'un des petits enclos, jugeant que c'était pour lui un lieu plus sûr qu'au milieu des autres.

Un jour cependant, les cow-boys attaquèrent. Panda les avaient entendus et sentis arriver avant les autres, et avait tenté d'avertir les indien à force de hennissement et de coups de sabots. Mais les indiens n'y prenait pas garde. Quand aux jeunes de l'âge de Cœur de Loup, ils s'arrêtaient devant l'enclos, riaient en croyant que le poulain voulait partir, et repartaient. Ceux-là, tout comme les poulains, n'aimaient pas Panda. Ils le trouvaient ridicule. Ils avaient tous de beaux poulains, certains même des pur sangs, qui deviendraient certainement de magnifiques montures. Mais Panda était petit, un peu trapu, sans nobles origines. Et ils se moquaient aussi de Cœur de Loup, parce que son poulain était le plus ridicule.
Et donc, ce jour-là, Panda s'agitait nerveusement dans son enclos, poussant des hennissements paniqués, frappant de ses sabots les planches de bois qui le retenaient. Tous croyaient qu'il voulait simplement sortir de l'enclos. Mais, lorsque Cœur de Loup revint de la forêt où il avait été chercher du bois pour faire du feu, il compris ce qui arrivait à son poulain. Il voulut prévenir ses parents, mais, trop tard : il eut juste le temps de libérer Panda avant que les cris de guerre des cow-boys ne retentissent. Aussitôt, les guerriers bondirent sur le dos de leurs montures et s'élancèrent vers l'ennemi sans hésitation. La père de Panda était un cheval de guerre. Il s'élança en même temps que les autres, mais remontait bien vite et se jetait sans hésitation au milieu des cow-boys dans les cinq premiers. Les femmes et les enfants fuyaient avec les plus vieux. Les poulains qui harcelaient Panda et leur indiens les suivaient. Mais le petit pie, lui, cherchait désespérément sa mère et Cœur de Loup. Ce fut à ce moment là qu'un coup de feu retentit. Panda se tourna vers le champ de combat, où les guerriers tentaient de repousser l'ennemi. Il aperçut alors un corps qui s'écroulait au sol, l'épaule ensanglantée. C'était son père. Panda voulut galoper vers le corps de son père, les larmes surgissant de ses yeux, mais les cow-boys avaient pris le dessus sur les indiens et se précipitaient vers le camp. En quelques secondes, ils étaient là. Panda aperçut sa mère qui tentait de le rejoindre, mais celle-ci fut soudain encerclée d'ennemis qui poussaient des cris guerriers. Un lasso s'enroula autour de son encolure, et elle fut entraînée par les humains. Elle se débattait, jetant des regard à son fils, hennissant. Soudain, Cœur de Loup surgit, et bondit sur le dos de la jument en poussant un cri de guerre. Il brandit un couteau et voulut sectionner le lasso, tandis que la jument se cabrait. Mais l'un des cow-boys se saisit de son arme. Il visa... Et tira. Le sang jaillit, et Cœur de Loup tomba au sol avec un hurlement de douleur. Il se tenait l'épaule d'une main. Et la jument fut emmenée, malgré ses réticences.

Panda accourut vers Cœur de Loup. L'indien perdait beaucoup de sang, et mourrait bientôt sans soins. Mais soudain, un lasso s'enroula autour de l'encolure de Panda. Le poulain poussa un cri surpris en se cabrant. Cœur de Loup, blessé gravement, ne put venir au secours de son poulain... Et celui-ci, se débattant comme un beau diable, fut entraîné sur les traces de sa mère, capturée peu avant. Et Panda compris que ses chances de revoir son père, son tendre indien, ou ne serais-ce que le camp indien, étaient bien maigres...

Panda aperçut brièvement sa mère lorsqu'il fut ramené au Fort. Mais lorsqu'il voulut la rejoindre, il se fit frapper par l'un des hommes. Il fit la connaissance de plusieurs autres chevaux, et appris ainsi que bientôt, les cow-boys iraient vendre certains de leurs chevaux, et qu'on ne les reverrait sans doute plus au Cimarron...
La mère de Panda fut emmenée avec d'autre chevaux, pour être vendue. Durant deux jours, le poulain attendit le retour de sa mère. Il se disait que peut-être n'avait-elle pas été vendue, et qu'elle reviendrait... Mais les Hommes revinrent sans elle.

Les mois passèrent. Panda, en poulain rebelle, fut confié à l'un des hommes les plus cruels du fort. Il fut frappé, attaché. Il grandit dans cette atmosphère de haine et de violence. Jusqu'à ses deux ans et demi. Il était jeune, trop jeune. Mais ça, les cow-boys ne le savaient pas. Parce que, si Panda était petit, il avait grandit plus vite que les autres, et avait déjà atteint l'apparence d'un jeune étalon de trois ans. Il n'évoluerait plus beaucoup désormais. Et les humains, qui l'avaient forgé dans l'acier, qui en avaient fait un guerrier, jugèrent l'heure de la guerre venue. Et, ce jour-là, Panda était en première ligne, monté par son brutal cavalier.
Il n'était plus le petit poulain de trois ou quatre mois arraché aux indiens. Il était un étalon de guerre, dressé pour tuer. Panda, malgré sa petite taille, son esprit rebelle et tous ses autres défauts, était l'un des meilleurs étalons de guerre du Fort.

Le signal fut donné. Panda bondit en avant, s'élançant vers le camp où il était né. Il ne sentait grandir en lui aucune compassion. Soudain, en plein milieu du combat, il se retrouva face à face avec un cheval de guerre monté par un jeune homme indien. Il se cabra comme il lui avait été appris, et menaça de ses sabots l'adversaire, tout en s'immobilisant assez pour que son cavalier vise et tire sur l'indien. Mais, soudain, l'indien s'écria "Panda !". Et le jeune étalon reconnut Cœur de Loup. D'un seul bond, il se débarrassait de son cavalier, et se retourna contre lui. L'homme s'enfuit, poursuivit par l'étalon pie. Finalement, les cow-boys battirent en retraite.

Panda retourna auprès de Cœur de Loup. Il avait beau lui offrir sa confiance, l'étalon avait gardé la brutalité et la haine des hommes qu'il avait obtenu chez les cow-boys. Cœur de Loup lui réapprit l'amitié et la complicité. L'indien, devenu guerrier pour venger le poulain qu'il avait perdu, promit à son cheval que jamais plus ils ne se jetteraient dans le combat. Ainsi, il choisirent de surveiller le camp. Panda n'avait-il pas donné l'alerte le premier, lorsqu'il était poulain ? D'ailleurs... Cœur de Loup compris vite que le nom de "Panda" ne convenait plus au bel animal qu'était devenu son poulain. Il le renomma Waban, "Vent d'Est". Désormais, Waban a trouvé sa place dans le Camp. Il reste très attaché à Cœur de Loup.