She wore a yellow ribbon ! ♫ [PV Spartan]

La nuit arrivait à grands pas de loup. La terre devenait sombre, et la lune serait bientôt la seule lumière visible. Sa robe avait perdue ses reflets chatoyants enchanteurs, et Satinka avait tournée la tête en direction du désert, à côté duquel ils passaient. Le vent faisait danser et glisser sur les dunes les grains de sable, pareils à des vagues sur une mer rouge et brûlante, s'envolant au gré des vents et avançant sur les plaines. Les derniers rayons du soleil faisaient également briller l'étendue aride... et la robe d'un cheval qui s'y trouvait. Presque aussitôt, le regard de la jument se posa sur cet individu, dont la robe brillait d'une manière étonnement proche de la sienne. C'était un étalon, sauvage, et, étrangement, seul. Il descendait à travers le désert comme si cela n'avait été qu'un enfantillage de poulain ; entrant dans le ballet des sables, cavalier du vent du désert.

Dès qu'il l'aperçue, l'air inquisiteur de l'équidé changea. Il s'arrêta brutalement, tendu, prêt à fuir face au danger, danger qui ne viendrait pas. Satinka le savait, et pour cause, mais lui n'en avait pas la moindre idée... Il fallait l'avouer, la jument aurait bien aimée le lui dire, mais quelque chose, ou plutôt quelques paroles, l'en empêchèrent. Croyait-il à un piège ? Était-ce de la haine, de la colère qu'elle lisait dans sa voix quand il parla ?

- Que me veux-tu ?

La jument du sergent planta alla son regard bleuté dans celui, il fallait l'avouer, envoûtant, de l'étranger, et maintient ainsi un contact visuel, le regardant comme si elle allait sonder son âme. D'ailleurs, pourquoi cela n'aurait-il pas été vraiment le cas ? Elle le regardait donc, fière, avec son petit air de même-pas-peur. Mais, quand sa voix résonna, elle était claire, et si mélodieuse qu'un rêveur aurait vu danser les mots. Son ton était aimable et un peu rieur, malgré la réaction de l'étalon inconnu.

- Tu sais, absolument rien. Je ne suis venue là ; elle gratta le sol du sabot droit ; que par curiosité ; Voyons, ne soit pas si tendu, je ne mords pas...

Elle s'était perdue dans les deux yeux de l'étranger, et cligna des yeux pour sortir de cet envoûtement, avant de lui lancer un léger sourire. Elle comprenait parfaitement que l'équidé puisse avoir du mal avec, au choix, la présence d'humains non loin, d'une jument ou d'un cheval de la Cavalery, c'est pourquoi elle lui pardonna son comportement de bon coeur. S'il était ainsi, il avait surement une raison. Satinka tendit l'oreille quelque instants ; le sifflement de son amour de cavalier n'avait pas encore retentit, elle resta donc là, droite et, contrairement à l'autre cheval, détendue.

- Beaucoup m'ont dit la même chose, mais au final, c'est revenu au même.

Cette voix totalement froide et mal-aimable aurait normalement irritée Satinka, mais, se souvent qu'elle pouvait parfois avoir la même réaction, la jeune femelle resta silencieuse, totalement immobile dans le vent, observant le changement qui semblait s'opérer en l'étalon inconnu. Son regard se perdit, et il sembla pendant quelques instants totalement ailleurs. La jument de cowboy se doutait bien qu'il était en train de repenser à de vieux souvenirs, surement lié à sa répulsion pour les chevaux comme elle, et c'est pourquoi elle le laissa tranquille, en profitant pour l'observer en détails et reporter son regard sur les légères fumées des campements des hommes l'élevant dans le ciel ; ciel dans lequel s'allumait déjà les premières étoiles. Mais l'étalon sauvage s'exprima à nouveau, et d'une manière totalement différente qui sortie Satinka de sa contemplation. A croire que ces minutes de recueillement l'avait changé, la jument aurait été prête à parier que l'équidé avait délaissé son air froid l'espace d'un instant.

- Qui es-tu ?

A nouveau, la jument esquissa un sourire ; l'animal semblait plus ouvert à la conversation que tout à l'heure - conversation, qu'il, et c'est à noter, avait entamé de lui même.

- Hm, moi c'est Satinka. Mais eux m'appellent Rosenrot, et tu peux bien sûr le faire aussi.

Et, disant cela, elle désigna d'un mouvement de la tête la direction des campements. Satinka... Oui, c'était ainsi qu'il l'avait nommé, cet indien à qui le sort avait été donné, et à cause duquel elle avait failli perdre la vie. La jument était un être fidèle, et cette sorte de trahison l'avait profondément révoltée contre ces indiens, les Seminoles. Puis, elle avait rencontrée Ludwig. Ludwig, l'ami des indiens d'ici, celui avec lequel ils acceptaient discuter, celui avec lequel ils avaient pleurés quand sa tragédie était arrivé. Il lui avait appris, son allemand, il lui avait appris à pardonner, bien que son propre coeur soit également empli de tristesse et de colère envers ces mêmes indiens qui l'avaient laissée ; il n'en montrait rien, et elle, encore plus jeune à l'époque, avait appris à faire de même. Qui aurait pensé qu'un humain ait pu être aussi bon ?! Même elle n'en revenait pas, chaque fois qu'elle se réveillait, le matin, ou que retentissait le clair et joyeux sifflement de son cavalier, l'appelant à le rejoindre. Avait-il jamais porté la main sur un animal pour faire autre chose que le flatter ou le caresser ? Parfois, Rosenrot souhaitait que les autres équidés puissent un jour connaitre de pareils liens ; mais les idées étaient ancrées trop profondément dans les esprits. Satinka inspira un grand coup, le coeur gonflé de remerciement. Ç'avait été son tour de se perdre dans les méandres des souvenirs. Cette fois, elle souriait bel et bien. Et si cela dérangeait l'étalon, elle n'arrêterait par pour autant : elle était heureuse. Secouant son encolure et sa crinière argentée pour sortir totalement de sa rêverie, la jument reprit.

- Et toi, comment t'appelles-tu ? Si tu ne veux pas me donner ton nom, ce qui reste une possibilité, je te préviens, je suis toujours capable de te donner un surnom, mais tu risques fort de ne pas l'apprécier. Hm, oui, au final, mieux vaut pour nous deux que tu me donnes ton nom.

Satinka était contente, c'était ainsi et elle ne pouvait faire autrement. Et, ainsi heureuse, sa langue avait tendance à s'emballer... Elle espérait sincèrement qu'il lui pardonnerait !

Spartan ? Que cela était joli ! Satinka s'amusait de voir à quel point un cheval si... renfermé pouvait avoir un nom si sympathique, et cela ne fit que renforcer l'hypothèse qu'elle était en train d'élaborer sur l'étalon sauvage. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle ne quittait plus des yeux l'animal, même pour regarder les étoiles. Quand à lui, il sourit même, quittant pour quelques instants seulement cet air insensible, offrant son visage et ses crins au vent du désert. Non, il pourrait tout essayer, il n'arriverait pas à faire croire à la jument qu'il était un grand méchant. Mais quand il baissa la tête, Spartan, car c'était désormais comme ça qu'elle devait l'appeler, avait reprit son air dur et remit ses oreilles en arrières.

Ce changement soudain d'attitude fit de la peine à la jument, qui rentra la tête, les oreilles sur les côtés. Elle pouvait parfaitement comprendre que l'étalon bai n'apprécie pas forcement les cowboys et leurs chevaux en général, mais elle n'avait pas été autre chose qu'amicale depuis le début de la conversation ; avait-elle l'air si mauvaise pour que les inconnus se méfient ainsi d'une personne simplement aimable ?! Ces pensées transformèrent le sourire et la joie rayonnante de la jument en un air à mi-chemin entre une petite moue boudeuse et un air un peu triste, et elle piaffa, avant de se ressaisir. Peut-être qu'il se comportait ainsi car il  ne la connaissait pas du tout, ou qu'il croyait à un piège ? Dommage, elle aurait bien aimée être amie avec lui. Décidant que le silence n'était pas une bonne chose, Rosenrot embraya sur les dernières paroles de l'étalon bai.

- Spartan ? C'est un bien beau nom, je l'aime vraiment

Et, pour valider ses propos et cacher sa tristesse aux yeux perçants et argentés de l'étalon, Satinka lui lança son plus beau sourire. Pour beaucoup, le nom de quelqu'un était aussi significatif que les yeux, et elle aurait vraiment aimée savoir ce que signifiait ce nom. Mais il y avait peu de chance qu'il le lui dise, c'est pourquoi Satinka se contenta de tenter de garder son air joyeux, prenant le temps d'écouter si le sifflement de son allemand n'avait pas retenti. C'est alors qu'elle se ressaisit, brusquement. Elle se redressa bien droite et reprit son sourire et son petit air de même-pas-peur tout à fait craquant. Oh que non, ce n'était pas elle, la jument du sergent, la plus rapide, qui allait se laisser attrister, non ! Ou du moins, elle ne comptait pas trop le montrer. Pas trop.

- Mais, Spartan, tu n'es ni un cheval d'indien ni le membre d'une harde ; est-ce que tu ne les apprécie pas, eux aussi ?

La jolie jument se rendit compte trop tard qu'elle venait de trahir son hypothèse ; mais ce n'était pas bien grave, au final. Au pire, elle mettrait ça sur le compte d'une innocence enfantine... qu'elle n'avait pas réussi à garder entièrement.

Le changement chez l'étalon bai fut surprenant. Il venait de passer de l'être froid et réservé à quelqu'un de profondément triste, et surtout, très seul. Satinka n'avait aucune idée de comment est-ce qu'elle avait fait ça, mais, à vrai dire, elle ne s'en souciait plus vraiment. Elle se sentait coupable d'avoir forcée, par ses paroles, Spartan à se remémorer de mauvais souvenirs qui avaient l'air de toujours le faire souffrir.

- C'est... Compliqué. Je suis né dans une famille de solitaire, en fait, et...

- Je comprends. C'est toujours compliqué.

En disant cela, la jument s'était rapprochée, d'une part parce que rester à plusieurs mètres de distance nuisait à la conversation, mais aussi parce qu'elle n'avait pas envie de laisser seul, même un inconnu, un cheval en peine comme celui-ci.

- Deux ans après ma naissance, mon père à été emmené par les cowboys. Ça a détruit ma mère, j'ai dû m'occuper de mon petit frère et d'elle sans aucun appui. J'avais quelques amis, à l'époque, même du côté des chevaux de cowboys, mais... Un jour, ils nous ont trouvés, ils ont tués ma mère et emmené mon frère, mais moi j'ai pu m'échapper. Il n'est pas difficile de deviner qui les a menés jusqu'à nous... C'était soit mon père, soit l'un de mes soit disant amis.

Oh. Ceci expliquait cela. Après avoir vécu de pareilles choses, il était normal pour tout animal de détester les chevaux de la Cavalry comme ceux qui les montaient. Rosenrot recula de quelques pas ; d'une certaine manière, c'était un peu de sa faute à elle aussi, alors... Il fallait trouver un moyen de lui montrer qu'elle comprenait sa tristesse... Une idée lui vint à l'esprit. Elle allait lui expliquer pourquoi elle adorait la Cavalry. Pourquoi elle adorait son Ludwig. Pourquoi est-ce qu'elle comprenait le sentiment de trahison de son ami, car elle l’appellerait désormais ainsi.

- Allez, haut les cœurs, c'est mon tour.

Satinka secoua à nouveau son encolure, faisant voleter dans le vent ses crins argentés sous les étoiles et, avec un sourire assez peiné, commença elle aussi à raconter une partie de son histoire.

- Quand je suis née, j'étais une jument indienne. Dans cette tribu, le lien entre les chevaux et leurs cavaliers était presque symbiotique : ils étaient nos yeux, nous étions leurs jambes. Déjà, il faut savoir que mon indien ne voulait pas d'une jument à la base, mais il n'avait pas le choix, alors m'avait prise. Un jour, lors d'une épreuve pour devenir guerrier, il devait passer trois jours et trois nuits dans les bois et ravins alentours, seul, avec Le Grand Esprit... et les loups. Je n'avais pas peur, il était avec moi ; mais la troisième nuit, sentant les loups qui se rapprochaient, et proche de la fin de son épreuve, l'indien, en qui j'avais toute la confiance possible et inimaginable, et qui devait rester à mes côtés jusqu'à ma mort, me laissa attachée et s'enfuit à pied, afin que je serve de diversion et calme l'appétit des loups.

Son ton avait été plus dur que mélancolique ; elle leur en voulait encore, malgré tout le bon coeur qu'avait mis Ludwig à empêcher ceci. Le fond de son regard bleu était devenu un océan de colère, dans lequel n'importe qui se serait noyé - littéralement. Et puis cela passa comme s'était venu ; elle secoua à nouveau sa crinière, se remit à sourire et reprit un air amical, presque enfantin. La suite de son histoire se fit sur un ton rapide, plus enjoué.

- La suite est simple, j'ai réussie à rentrer, pas lui, les hommes étaient tristes et les chevaux m'en voulaient, même ma mère qui me prenait pour la honte de la famille ; ils m'ont relâchés, j'ai fuis et, à bout de force, je suis tombée sur mon Ludwig, qui tente toujours de me faire pardonner, comme il leur a pardonné, voila voila, c'était l'amicale des histoires tristes.
En parlant de son cavalier, elle regarda à nouveau dans la direction du campement, rayonnante de joie. Qu'elle l'adorait, son cavalier ! Son ton enjoué et son air joueur étaient un peu étonnant dans un pareil moment, mais parfois, il valait mieux rire que pleurer, non ? Tournant à nouveau son regard bleu vers l'étalon bai, ou plutôt, son ami Spartan, elle espéra que sa bonne humeur serait contagieuse, comme elle l'était parfois. Ah, de quoi n'aurions-nous pas rit pour un ami !

- Je comprends mieux pourquoi tu apprécies ton cavalier, ton Ludwig, c'est ça ?, mais cela ne change rien à mon point de vue. J'en suis désolé, mais pour moi, les cowboys restent des vipères, des ennemis. Que l'un d'eux ait aidé un cheval ne change rien, ils en ont fait souffrir tant d'autres.

Cette remarque piqua Satinka au vif. Tout ce qui pouvait l'apparenter à une jument aimable, gentille et enfantine disparu en un instant, avec son sourire. Les oreilles plaquées en arrière, elle recula à nouveau, ses yeux redevenus deux océans furieux. Elle n'avait plus rien du tout de la jument qu'elle était il n'y avait pas cinq secondes. Des vipères hein ? Quand savait-il ?! Ses yeux lançaient des éclairs ; quant à l'étalon qu'elle avait appelée ami, il avait reprit cet air dur et froid, d'une manière bien plus forte que la première fois. Et le voila recommençant à gratter le sable, comme si cette contemplation allait le sauver d'une crise de colère de la jument.

- Oh, des vipères ?! Qu'est-ce que tu en sais ? Les as-tu seulement côtoyés ne serait-ce qu'une fois comme je le fais ? Non, tu crois assez les connaitre pour pouvoir les juger ainsi, mais tu n'en sais rien ! Chez nous, c'est comme partout ailleurs !

Rosenrot, furieuse, recula à nouveau, se cabrant légèrement très légèrement, soulevant à peine ses antérieurs du sol. Un nuage de sable l'entoura alors, et sa crinière, s'envolant dans tout les sens, lui donnait un air de furie. Elle était en colère, oh que oui ! De quel droit pensait-il pouvoir les qualifier, tous, de serpents ?! Qu'il vienne, un jour, au fort, elle se ferait un plaisir de lui montrer qu'il se trompait ! Elle se tenait à nouveau extrêmement droite et fière, dans une attitude qui rappelait fort, sans pour autant y mêler du dédain, quel était son rang. Elle avait vu des choses qu'il ne verrait jamais, elle avait vu des cowboys, des serpents comme il les nommaient, donner leur vie pour des causes justes ! Et tandis qu'elle regardait l'étalon bai, elle espérait entendre le sifflement de son cavalier, qui mettrait fin à cette discussion. Mais pour le moment, seul la chanson d'un des groupes d'hommes se faisait entendre, et Satinka reconnue le "Gang des Irlandais" qui accompagnait Ludwig. Le sifflement tarderait, mais il viendrait.

Néanmoins, malgré toute sa colère, digne d'un orage d'été, malgré tout les efforts qu'elle faisait pour essayer de se calmer, la jument du sergent trouvait fort dommage que la conversation est dérivée ainsi. Elle pensait réellement bien s'entendre avec cet étalon bai, ce "Spartan".

- Ce n'est pas ce que je voulais dire...

Rosenrot plissa les yeux, regardant l'étalon. Il avait détourné le regard pour regarder le désert ; pourquoi ? Était-ce une manière de fuir ses yeux bleus accusateurs, ou était-ce seulement un de respect ? La jument était assez énervée comme ça, aussi pensa-t-elle à la première possibilité. Il fallait à tout prix qu'elle se calme. Qu'elle redevienne cette jument aimable et joyeuse, et pas cette créature de bataille, trônant au milieu des batailles comme une divinité de la guerre, habituellement envoûtée et enragée par le feu de l'action ou la colère. Elle devait se calmer.

- Je... Je n'ai juste pas le même point de vue que toi... Moi, les cow-boys ne m'ont pas sauvé, ils m'ont prit ma famille... J'ai du mal à les voir autrement...

Sa voix était hésitante, elle n'avait plus cette sonorité de glace d'avant. Essayait-il vraiment de se faire pardonner ? Peut-être était-ce vraiment le cas, finalement. Et elle avait donc choisie la bonne possibilité, tout à l'heure. Hm. Rosenrot planta à nouveau son regard dans celui du cheval sauvage, afin de le sonder de l'intérieur. Et décida que son cavalier avait raison. Elle ferma les yeux, et expira lentement, faisant de la buée dans l'air froid de la nuit. Le vent, qui soufflait doucement, semblait jouer avec ses crins, les faisant voleter autour d'elle. Et celui-ci emporta sa colère comme il emportait le sable. Satinka rouvrit lentement, doucement les yeux, comme si elle s'éveillait alors qu'apparaissait l'aube nouvelle, tout simplement comme si elle sortait d'un long sommeil. Elle s'était calmée.

- Tu verras. Un jour, tu verras.

La jument le regardait droit dans les yeux. Elle ne souriait pas, mais arborait un air neutre, presque mystérieux. Sa voix avait sonnée, calmée et dénuée de toute intonation sentimentale. Spartan ne la comprendrait peut-être jamais, après tout. Mais là était son droit.

- De quoi parles-tu ?

Satinka le regardait toujours dans les yeux, manquant de soupirer. C'était pourtant évident, non ? Il semblait bien que non. Le vent soufflait autour d'eux, les enveloppant de sa fraîcheur. Non, froideur. Il venait du désert, comme l'étalon bai. Et, aussi ironique que cela puisse paraître, il était froid, comme Spartan. Bon. La jument du sergent se résignait finalement à lui expliquer. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mettant fin aux questions sans réponses, quand un son, strident mais pas si désagréable, retentit dans la nuit. Tournant la tête vers le camp avec un soulagement assez bien camouflé, Satinka sourit. Il l'appelait ! Enfin ! La jument se cabra légèrement, ses antérieurs quittant cette fois le sol, manquant d'hennir de joie. Puis, elle regarda l'étalon bai qui venait du désert avec un sourire malicieux.

- Il va falloir que je te quitte, un crotale vient de siffler

Et bam. Un-zéro pour elle. Il y avait une chose qu'il devrait comprendre : Satinka ne pardonnait jamais, et n'oubliait jamais. Malgré le temps qui passait. Malgré les efforts de son cavalier. Mais elle pouvait fréquenter ces mêmes personnes, tant que leur faute n'était pas trop grave. Elle regarda une dernière fois l'étalon, et lui sourit.

- A une prochaine fois peut-être ! Garde toi bien !

Elle avait l'oeil joyeux, et lança même un petit rire doux et agréable. Et elle démarra à toute allure, galopant avec ce fameux vent du désert jusqu'au campement, où elle ne ralentie pas pour autant, slalomant entre les tentes malgré les protestations des soldats, et, pillant devant Ludwig dans un Sliding Stop parfait, le laissa lui flatter l'encolure et lui caresser la tête. Bon sang qu'elle l'adorait, son allemand !